Madeleine Aman
Aux Lunettes de Madeleine : l'optique plus qu’un métier, une passion
Echo des collines : Comment êtes-vous devenue opticienne ?
Madeleine Aman : Je suis arrivée en France à l’âge de 10 ans. Je voulais être sage- femme, mais il fallait être de nationalité française, ce qui n’était pas mon cas à l’époque. Alors, j’ai fait des recherches et j’ai découvert le DU ophtalmologie à la faculté de Bordeaux. Ce diplôme permettait d’acquérir des compétences pour travailler dans les pays en voie de développement, d’apprendre à traiter les pathologies de l’œil, avec peu de matériel et dans les pires conditions. A 22 ans, je n’avais pas les moyens d’ouvrir un cabinet, j’ai donc passé un contrat de professionnalisation dans l’optique et passé un BTS. J’ai aussi un diplôme d’orthoptiste. Ce bagage me permet de mieux cerner les besoins des clients et de mieux les servir. Une personne est venue une fois avec un problème très particulier, un déficit visuel très important qui nécessitait un équipement « basse vision ». j’ai pu l’aider parce que j’ai appris à le faire.
EDC : Vous insistez sur le fait que les lunettes sont un équipement médical…
M A : Oui, les lunettes sont un produit médical. Ce n’est donc pas anodin. On doit délivrer un équipement adapté à la personne. On commence par vérifier la valeur de l’ordonnance. Pour cela, on a un cabinet de vue. Ensuite on étudie les besoins du porteur afin de lui proposer le meilleur équipement possible. Nous recevons les verres, fabriqués en usinage français et certifiés OMS France. Puis, le montage se fait en magasin. Nous prenons les mesures sur les clients et sélectionnons les montures. C’est un travail de précision, adapté à chaque personne. Nous nous occupons aussi de la partie administrative, du lien avec les mutuelles… et évidemment du suivi, de l’ajustage si nécessaire. C’est un artisanat. Pour chaque client qui vient, je peux proposer une réponse et le guider selon ses besoins.
Panneau de présentation des Lunettes.
EDC : La situation en ZFU a-t-elle été déterminante dans votre choix de vous installer à Cenon ?
M A : Je ne me voyais pas vivre ailleurs ! J’ai quitté le centre-ville quand j’ai eu des enfants. Je voulais m’installer absolument dans la ville de mon enfance. Je n’ai d’abord sollicité aucune aide quand je me suis établie et la première année a été terrible ! Puis, j’ai eu un soutien précieux de Hauts-de-Garonne Développement1. L’accompagnement émotionnel a été très important. Le site « CàCenon2 » m’a séduite. C’est une belle idée de faire connaître les commerçants et services de la ville. Aujourd’hui, le bouche-à-oreille a fonctionné, je suis dans beaucoup de clubs d’entreprises. Être opticien indépendant est difficile. Comme avec un médecin, la fidélisation se fait, avant tout, par la confiance.
EDC : Quel serait votre souhait pour la Rive Droite ?
M A : Plus d’ophtalmologistes. C’est bien de recruter des opticiens, mais il faut un médecin prescripteur à côté ! Sinon, je constate qu’il est bien vrai que les enfants de la Rive Droite décrochent. J’aimerais intervenir dans les écoles pour parler de mon métier et de mon parcours. Je suis moi-même passée par le collège Jean Zay puis je suis allée au lycée Brémontier pour mon Bac techno. Il m’a fallu plusieurs fois changer mon fusil d’épaule. J’aimerais parler de cette expérience aux élèves. On devrait aborder la question des métiers dès le collège, dès la 5ème.
Lunettes pour enfants.
1 L’agence de développement économique Hauts de Garonne Développement, accompagne les entreprises dans leur développement (création, reprise, développement, pépinière).
2 Site internet développé par la Ville de Cenon pour valoriser les services, entreprises et commerces présents sur son territoire.