Julien Pressac
BGM-Energie, transition énergétique
Echo des Collines : En quoi consiste concrètement votre métier ?
Julien Pressac : Nous concevons tout ce qui va toucher au confort dans les bâtiments : chauffage, climatisation, eau chaude et eau froide. Nous définissons ce qu’il faut mettre en œuvre pour obtenir les meilleures solutions en termes d’économie d’énergies, autant dans le neuf que dans l’existant, pour des entreprises comme pour des particuliers ou encore des collectivités.
EDC : Comment est accueillie votre démarche auprès de vos clients ?
J.P : Notre particularité, c’est de travailler très en amont dans le projet de construction ou de rénovation. En tant que bureau d’études, on peut insuffler la transition énergétique parce qu’on met des chiffres en face. Aujourd’hui, on arrive à proposer des solutions d’économie d’énergie à des prix raisonnables. La domotique, par exemple, se démocratise. Google et Apple proposent déjà des thermostats connectés.
C’est avant tout une philosophie qu’il convient de s’appliquer à soi-même. Nous sommes sensibles à cette question tout comme les architectes avec lesquels nous collaborons. On utilise des matériaux bio-sourcés. Chez BGM, on imprime de moins en moins. D’ici la fin de l’année, à titre personnel, je voudrais atteindre le 0 déchet non recyclable. On ne doit pas négliger le fait que nous travaillons pour le 2ème secteur le plus consommateur d’énergie : le bâtiment. Avec la RT 2012(1) on essaie d’aller plus loin.
EDC : Comment est née l’envie de vous engager en nom propre ?
J.P : Après un Master énergétique et Développement, les seuls postes disponibles qui se sont présentés se situaient à Paris, Nantes… proposés dans des grands groupes… Je n’avais pas vraiment envie d’être un « ingénieur presse-bouton » ! J’ai donc pris mon courage à deux mains et refusé un CDI malgré la stupeur de mon entourage. J’ai donc créé mon propre emploi. Il fallait de l’argent et je n’avais pas d’héritage… J’ai donc enchaîné les missions d’intérim : manutentionnaire dans les silos portuaires à Bassens, placement de concerts…
EDC : Vous commencez vraiment, en 2014, en tant qu’auto-entrepreneur…
J.P : Oui, tout seul, en « slip-chaussettes »… J’ai très vite intégré la pépinière des Hauts-de-Garonne. C’était très important d’embaucher et de débaucher, d’avoir un vrai cadre de travail ! J’ai quitté l’auto-entrepreneuriat en dernière année de pépinière. Depuis, on a fait du chemin. Créé il y a 5 ans, BGM fusionne aujourd’hui avec un bureau d’études électriques, Tech’Bât Ingénierie. C’est une évolution naturelle, comme le mariage entre un boucher et un charcutier ! Cette fusion entre électricité et domotique va nous permettre de donner des solutions plus intelligentes pour des bâtiments climato-sensibles. Nous travaillons sur les mêmes problématiques et pour les mêmes publics.
EDC : Justement, quels sont vos clients ?
J.P : Nos clients sont surtout en Gironde et en Nouvelle-Aquitaine. Mais de plus en plus, partout en France. Les études réglementaires en thermique, conformément à la RT 2012, représentent un travail dématérialisé qui peut être réalisé à distance. Les particuliers représentent 30% du chiffre d’affaires, les entreprises 40%. Pour le reste, on collabore beaucoup avec des architectes, on répond aux marchés publics…
EDC : Quelles raisons ont motivé votre installation Rive Droite ? La localisation en ZFU ?
J.P : Je suis venu ici tout d’abord pour la pépinière de Hauts de Garonne Développement. Puis, il faut avouer qu’il y a quand-même moins de bouchons de ce côté-ci ! Bien-sûr, le loyer était moins cher également. En ce qui concerne les avantages de la ZFU, nous n’avons eu, finalement, que l’exonération sur l’impôt sur les sociétés. Alors que ça serait plutôt bon signe d’avoir à s’en acquitter ! Il n’y a plus les exonérations sur les charges patronales et un des critères impose que la moitié de l’activité se fasse sur le territoire de la zone franche. Difficile… on parvient tout juste à amortir le prix du loyer. Mais je vais tout de même rester pour la Rive Droite !
EDC : Pensez-vous recruter ?
J.C : Je n’ai pas encore assez de visibilité. Je ne peux pas me projeter sur plus de 3 ou 4 mois. J’ai embauché des stagiaires, des intérimaires. On a tout de même un travailleur en alternance. On a également créé un organisme de formation dans les métiers du bâtiment pour délivrer des accréditations, proposer des reconversions professionnelles. Je donne des cours à l’université de Bordeaux et avec les Compagnons du Devoir. J’aime bien transmettre, former, passer le relais. Ça permet de se mettre à jour et de mieux comprendre les enjeux de la transition énergétique.
EDC : Quels sont vos souhaits pour l’avenir ? Vos projets de développement ?
J.P : Pour la Rive Droite, plus de transports en commun transversaux ! C’est encore très long d’aller d’une commune de la Rive Droite à l’autre. Pour l’entreprise, grandir plus vite et avoir plus de visibilité sur l’avenir ! La fusion avec Tech’Bât Ingénierie va élargir notre champ d’activité. Nous allons également mettre l’accent sur la communication, la diffusion de la démarche de la transition énergétique auprès des architectes, des particuliers.
(1) RT 2012 : conformément à l’article 4 de la loi Grenelle 1, la RT 2012 a pour objectif de limiter la consommation d’énergie primaire des bâtiments neufs à un maximum de 50 kWhEP/m²/an) en moyenne