Martin Schnapper
FIDAQUITAINE : 15 ans d'expertise Rive droite
EDC : Expert-comptable et commissaire aux comptes, vous avez créé Fidaquitaine en 2007. Parlez-nous de votre parcours.
Martin Schnapper : J’ai passé ma maîtrise à la faculté puis effectué le stage de trois ans de pratique professionnelle avant de passer le diplôme d’expert-comptable. C’est une particularité de la profession, on passe les unités de valeur tout en étant salarié. J’ai d’abord travaillé à Bordeaux puis en tant qu’associé dans un cabinet à Niort, en Poitou-Charentes jusqu’en 2004. En 2007, j’ai collaboré avec un cabinet de la Rive Droite. Ensuite, j’ai développé ma clientèle sur le territoire et je me suis lancé seul cette fois. Cela fait 10 ans, le 1er octobre 2017, que la société a été créée, d’abord à Floirac et, depuis 4 ans, à Cenon.
EDC : L’implantation en ZFU a-t-elle été un atout ?
MS : Incontestablement. Mais ce n’était pas vraiment un critère d’implantation. Ce qui a été déterminant, c’est le partenariat développé par le cabinet. J’ai été bien accueilli Rive Droite ! Bien sûr, je n’avais pas vraiment besoin d’accompagnement, car c’est plutôt mon métier ! J’avais déjà créé un bureau au Futuroscope à partir de rien. Cependant, les avantages sociaux et fiscaux sont conséquents. Grâce à ce dispositif, nous avons pu investir dans l’informatique, le renforcement des équipes… Sans ça, on aurait pris moins de risques pour embaucher. On aurait moins investi et on aurait donc eu moins de dynamique. Par contre, les salariés ne viennent pas tous des QPV (quartiers prioritaires de la ville) car nous faisons appel à des effectifs fortement qualifiés que nous recrutons de fait un peu partout. Il faut attendre pour mesurer le coût que ça peut représenter en matière de macro-économie. Comme pour tout dispositif de faveur, les durées sont limitées dans le temps mais finalement, cela reste maintenu même si c’est moins intéressant.
EDC : Au sein de Fidaquitaine, vous ne faites pas seulement de la comptabilité…
MS : Nous avons en interne plusieurs pôles de compétences : expertise-comptable, gestion, comptabilité, fiscalité, juridique, paie, social… Nous proposons, par exemple, un accompagnement de la stratégie marketing de nos clients. Nous faisons également de l’assistance à maîtrise d’ouvrage et pilotons des prestations extérieures pour lesquelles nous assurons la coordination, le lien… Nous avons aujourd’hui environ 350 clients. Ils viennent de la Rive Droite, mais aussi de Paris et du Sud Toulousain. Pour ces derniers, il s’agissait de personnes que nous avons accompagnées dans le cadre d’une reprise d’entreprise et que nous avons ensuite gardées comme clients. Quelques particuliers, dont 98% sont des professions artisanales ou des PME, viennent également chez nous. On est un cabinet polyvalent, on s’occupe d’artisans, de commerçants, de franchisés…
EDC : Vous avez aussi une forte expérience auprès des créateurs d’entreprises.
MS : Oui, l’accompagnement des créateurs ou des repreneurs d’entreprise est notre « plus » qui nous permet de nous développer. On réalise la partie financière du business plan pour leur permettre d’aller voir les banques si besoin. Beaucoup d’autoentrepreneurs viennent nous voir quand ils passent les seuils et doivent changer de régime. Je connais bien Hauts-de-Garonne Développement avec qui nous travaillons beaucoup, en lien avec la Ville de Cenon. Ils nous appellent pour faire la passerelle avec les entrepreneurs qui désirent être épaulés pour mener à bien leur projet.
EDC : En interne vous avez instauré une démarche positive en matière de développement durable.
MS : Une réelle démarche positive a été instaurée. Les métiers du service nécessitent l’utilisation de beaucoup de papier. En plus de limiter nos impressions et d’aller vers des solutions de dématérialisation, nous utilisons du papier 100% issu du recyclage. Nous privilégions aussi les transports en commun au lieu des déplacements en voiture, nous incitons au télétravail et réfléchissons à des solutions de visioconférences pour limiter nos déplacements. Mais notre action passe aussi par des gestes simples du quotidien comme de ne pas laisser la lumière, les ordinateurs ou la machine à café allumés. Enfin, nous choisissons des prestataires proposant des produits biologiques, issus de l’agriculture raisonnée ou du commerce équitable (comme notre café !) lors d’instants conviviaux, comme les rendez-vous du club Fidaquitaine.
EDC : L’expertise-comptable est-elle un métier d’hommes ?
MS : Nous avons des profils très diversifiés suivant les différents pôles d’activité, avec des spécificités comptabilité, social, juridique, conseil aux entreprises… Mais ce qui est certain, c’est que le milieu se féminise de plus en plus : l’équipe compte 19 salariés et 13 sont des femmes.
EDC : Que souhaiteriez-vous voir se développer sur la Rive Droite ?
MS : Le transport ! C’est un souci de plus en plus important. On a perdu un salarié parce qu’il habitait Blaye et que ça lui faisait trop loin. Ce qui développe la Rive Droite, c’est indéniablement le bouclage de la rocade et des boulevards avec les ponts, le réseau de tramway… Les infrastructures viennent renforcer le dispositif de la ZFU qui permet le développement économique. Mais les régimes fiscaux de faveur ne sont pas voués à être pérennes. Il serait donc bon de savoir ce que les collectivités ont comme projets en termes d’infrastructures et de développement économique. Le problème du foncier va se poser à Cenon, il faut bien sûr re-densifier l’habitat, mais il faut aussi maintenir et développer les emplois.