Frédéric Petit Frédéric Petit

Frédéric Petit

Élise Atlantique : le réseau solidaire au service du développement local

Élise, c'est d'abord l'histoire d'une ambition sociale et environnementale : assurer la collecte et le recyclage de tous les déchets de bureau, en créant une activité visant à assurer un emploi stable à des personnes en difficulté d’insertion, notamment pour cause de handicap.

Une conception solidaire de l'entreprise qui fait ses preuves. Et les chiffres sont là. Acronyme d’Entreprise Locale d’Initiative au Service de l’Environnement, le réseau Élise existe aujourd'hui depuis 20 ans et compte plus de 30 entreprises adaptées en France où travaillent 317 personnes. Le site de Bordeaux a vu le jour en 2012, emploie 32 salariés et a été retenu dans le programme Usines du Futur par la Région Nouvelle Aquitaine. Rencontre avec Frédéric Petit, son directeur.

Aïcha Chapelard

Echo des Collines : En quoi Elise est-elle une entreprise adaptée ?

Frédéric Petit : Tout d’abord, recycler plutôt qu’incinérer ou mettre en décharge participe non seulement à la préservation de l’environnement, mais permet aussi de multiplier par 10 le nombre d’emplois créés. Nous avons ouvert ce site en 2012 et le premier emploi est arrivé en mai 2013. On a voulu créer une activité avec un projet social fort qui place l’humain au centre et favorise une dynamique permettant à chacun de s’épanouir, de gagner en compétences et d’accéder à un meilleur statut social.

80% de nos salariés qui travaillent à l’outil de production sont en situation de handicap. J’ai longtemps travaillé à la commission de valorisation des normes sociétales dans les entreprises, j’accompagnais les chefs d’entreprise sur l’économie responsable, le traitement des déchets… Mon associé, Thomas Mahias, chargé de mission en éco-conception, était lui aussi déjà sensible à la question du handicap. Les salariés en situation de handicap rencontrent toutes sortes de difficultés annexes. L’accompagnement doit être adapté à chaque situation. C’est justement ça, être une entreprise adaptée !

EDC : Ces personnes peinent souvent à trouver un emploi pérenne en milieu ordinaire. Comment contournez-vous ces difficultés ?

FP : On essaie de contourner tout ce qui constituerait un frein à l’emploi : on rembourse 100% des frais de transport. Beaucoup viennent en tramway. C’est aussi un public en rupture. Il faut donc s’intéresser à l’employé dans son ensemble : beaucoup ont des problèmes d’alimentation, d’endettement… Les salariés sont payés sur 13 mois, entre 1490 et 1590€ pour 35 heures. Nous allons ouvrir une cantine sur place, ouverte aux artisans du coin, en partenariat avec l’ADAPEI1, avec un commis, afin de fournir une alimentation équilibrée et de favoriser les échanges. On aménage aussi les postes et les temps de travail, même si c’est parfois difficile. L’accès du site est évidemment en rez-de-chaussée. Il faut donc une gestion rigoureuse des prévisions, des emplois et des compétences.

EDC : Quelles tâches accomplissent précisément les employés ?

FP : Ils travaillent au recyclage et à la revalorisation de tous les déchets de bureau : papiers, cartons, DEE, c’est-à-dire les déchets d’équipements électriques, mais aussi le mobilier, le matériel informatique, les imprimantes et les plastiques (gobelets…), les piles, les lampes, les néons…

Tas de déchets bois sur site.

Nous trions ces déchets sur notre site en privilégiant les circuits de recyclage courts et de proximité. Nos clients sont des collectivités territoriales comme la Région, la Métropole, les mairies de Cenon ou de Mérignac, mais aussi des administrations, des banques… Nous avons fidélisé environ 350 clients et nous disposons de 600 points de collecte en ex-Aquitaine avec deux autres sites à Hendaye et Pau et prochainement un 3ème à Libourne. Notre valeur ajoutée, c’est le sur-tri : on trie les papiers et les plastiques en 7 à 10 catégories différentes, par couleurs et grammage par exemple.

Tas de déchets plastiques sur site.

EDC : Votre implantation en ZFU sur la Rive droite a-t-elle été un atout pour le développement de l’entreprise ?

FP : Très certainement. Un atout économique en premier lieu. Les exonérations des premières années représentaient 200 000 € qui sont restés dans les fonds de l’entreprise et réutilisés pour son développement. Ensuite, la répartition des embauches nous a permis de tisser des liens forts avec les missions locales, Pôle Emploi, le PLIE2 et bien sûr le GPV3. Ce sont des partenaires solides. Le seul point contraignant a été de trouver des personnes en situation de handicap dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV). Il faut préserver ce système, des espaces qui attirent des entreprises et les aider à recruter des gens en QPV. C’est intéressant comme enjeu sociétal.

EDC : Quelles sont les perspectives de développement ? Vos projets pour l’avenir ?

FP : Nous avons l’ambition de nous étendre dans un bâtiment de 3000 m2 situé sur notre zone. Mais ce qui nous tient le plus à cœur, c’est de continuer à œuvrer pour la reconduite vers l’emploi active de publics en difficultés. Nous lançons un dispositif, Passerelle, dont l’objectif sera l’insertion par le logement. Il s’agit de réserver 10 à 15 logements à ces personnes dans un programme immobilier, de leur assurer ensuite un stage dans une entreprise du secteur en vue de l’obtention d’un CDD long ou même d’un CDI. Nous espérons 30 emplois en 4 ans. L’enjeu est important. Il y a dans nos QPV, un vivier important d’emploi non qualifié. Nous voulons faire passer ce message : Vous avez envie ? Alors on va vous aider. Changer de vie, c’est aussi changer de regard.

 

1. https://www.facebook.com/adapei33/ 

2. Plan local pour l’insertion et l’emploi 

3. Grand Projet des villes Rive Droite : appui stratégique et opérationnel au développement des villes de Bassens, Lormont, Cenon et Floirac.

Aïcha Chapelard

Portrait réalisé dans le cadre d'un partenariat éditorial avec le mensuel l'Echo des Collines.
  • GPV
  • Bordeaux Métropole
  • Bassens
  • Bordeaux
  • Cenon
  • Floirac
  • Lormont
  • Pôle Emploi
  • PLIE des Hauts de Garonne
  • Mission Locale
  • Hauts de Garonne Développement
  • D2C Gironde
  • Gironde